lundi 16 mars 2009

Angleterre/France 2009: french flop!

Nous sommes au lendemain de la pire défaite dont je puisse me souvenir, dont le traumatisme n'est pas près de s'effacer. Le contexte d'abord et les espoirs suscités par le superbe match contre le pays de Galles qu'il ne faudrait pas oublier malgré tout,mais aussi l'adversaire le plus qualifié pour blesser notre fierté et enfin la manière , l'abdication de cette équipe lors de cette première mi-temps ont créé un des pires cauchemars rugbystiques que l'on puisse imaginer.
Au moment où les couteaux sortent dessous les manteaux , je trouve juste d'étudier les causes et les conséquences possibles de cette triste journée.


Analyser les causes de cette défaite est forcément périlleux tant la raison a vacillé face à un tel spectacle. Pourtant, il me semble possible de tirer quelques conclusions pertinentes.
Avant tout, c'est une belle victoire tactique de la part du staff anglais qui a su décrypter les points fort de la France contre les gallois. Les renversements systématiques qui ont pris la défense française à revers dès la première action pour le premier essai était le résultat de cette analyse. c'est donc une défaite de Lièvremont par son choix tactique. Ceci explique en partie pourquoi il a annoncé très vite qu'il reconduisait le groupe tel quel pour "assumer ensemble" , l'homme n'étant pas du genre à se défausser.
Ensuite c'est une défaite des joueurs , collectivement d'abord. Les commentaires se déchaînent d'ors et déjà sur les personnalités polémiques comme Chabal ( que certains crucifie déjà) ou Bastareaud, mais c'est bien collectivement que cette équipe a failli. Face à une entame de match catastrophique , c'est une équipe qui peut réagir et hier, il n'y a eu que des réactions individuelles vouées à l'échec, et il est clair que cette équipe n'avait pas la confiance en elle-même suffisante pour se durcir , se camper sur un jeu simple et attendre que l'orage passe. Les essais se sont enchaînés sur le scénario que l'on sait.
Face à une équipe anglaise au bord du gouffre, dos au mur , forcément prête à mourir au combat, le XV de France a montré une fois de plus qu'il est incapable de gérer mentalement ses succès.
J'ajouterai une prestation attendue de mr Dickinson, dans l'arbitraire et l'incohérence qui n'a affecté que l'équipe qui doutait, et voici réunis les ingrédients de cette déculottée historique.

Le match contre l'Italie s'annonce difficile, et nous avons tout à y perdre, .... et rien à y gagner. Une victoire contre cette équipe ne guérira pas la blessure alors qu'une défaite plongerait le rugby français dans le marasme et l'inconnu. Je crois qu'il n'y avait pas mieux à faire que de reconduire le groupe. En effet, l'aspect tactique de cette défaite empêche Marc Liévremeont d'attribuer bons et mauvais points. Il est grandement responsable et le sait! Ensuite, c'est entre eux que les joueurs doivent passer cette semaine, pour se dire les choses en face. Détruire ce groupe au moment ou il est atteint serait lui enlever toute chances de bonifier cette blessure. La coupe du monde est encore assez loin , et qui sait si ce revers ne sera pas le socle de nos futurs succès. Changer l'équipe enlèverait tout intérêt sportif à ce dernier match. D'autant que l'équipe va disparaître de toute façon jusqu'en octobre, puisque nos dirigeants n'ont pas su régler le problème de cette scandaleuse tournée en Nouvelle-zélande et en Australie sans les meilleurs joueurs français. Je crois même que la responsabilité de ce genre de défaites incombe grandement à nos dirigeants qui n'apportent pas de réponses au problèmes recensés tels que le surmenage de ces internationaux, le peu d'arbitres professionnels, ou les tournées "gigot-haricot" dans l'hémisphère sud.

dimanche 8 mars 2009

Fleur bleue

Après le match contre l'Ecosse, je n'ai rien écrit. bien sûr comme tout le monde, j'en ai parlé, mais je n'avais pas de quoi me faire une idée.

Le XV de France restait sur deux prestations convaincantes et pourtant, deux défaites contre l'Australie et l'Irlande. En Novembre, si on peut vite oublier le non-match contre l'Argentine et celui contre la sélection pacifique (deux victoires), la France avait mérité une victoire contre l'Australie et celle-ci ne lui avait échappé que par la faillite de David Skrela au tirs au but et quelques problèmes de défense collective.
Le match contre l'Irlande fut magnifique, brillant, rythmé et inspiré, remporté par le possible futur vainqueur du tournoi.
Puis vint ce match contre l'écosse, avec l'interdiction de perdre. Match gagné , mais piteusement. Il n'y eut que peu de satisfactions, peu d'initiatives ou d'inspiration, une "bouillie de rugby" dixit Marc lièvremont.

Donc si on résume, après un tournoi expérimental, où seuls les journalistes pressés d'enterrer Bernard Laporte (sélectionneur) ont vu des motifs de satisfactions et un scandale de tournée "gigot-haricot" en juin, nous voilà avec 3 victoires insatisfaisantes et deux défaites prometteuses. Vous conviendrez qu'il y a de quoi déboussoler le plus clairvoyant des chroniqueurs ("non , ce n'est pas moi!.. bon ... si vous insistez... ").
Voilà pourquoi, je n'ai rien écrit, et j'ai assisté dubitatif à l'éternelle tempête dans un verre d'eau médiatique, qui était explicable tant les conséquences d'une défaite très possible contre le quinze du poireau paraissaient sérieuses.
Contre le Pays de Galles, l'ère Lièvremont me semble avoir pris son vrai départ. Et après avoir été assez perplexe, je commence à adhérer car je pense que le staff a été bonifiée par la confrontation au réel.
Commençons par les critiques, ce staff fut très "fleur bleue", dans le projet de jeu tout d'abord, très DTN, théorique, détaché du résultat pendant une année! Expérimentation tous azimuts, revue d'effectif et un tournoi raté, sur presque tous les plans. Puis ils m'ont paru peu prévoyants en s'apercevant un peu tard du classement IRB de la France en vue de la coupe du monde 2011. On a d'ailleurs vu que la perte du statut de tête de série n'avait pas été si préjudiciable lors du tirage au sort.
A ces difficultés se sont ajoutés ces défaites et ces victoires piteuses sur le plan du jeu, et le milieu s'est mis à critiquer violemment. Je n'ai pas hurlé avec les loups et je m'en félicite mais pour autant, était-ce évitable en conduisant la barque de cette façon?


La victoire contre les gallois favoris est une victoire personnelle de Marc Lièvremont qui est allé au bout de sa logique, par exemple en alignant Baby en 10, sans véritable buteur. En appliquant sa stratégie du groupe sans se soucier des critiques et de la pression du résultat, il a peut-être passé le Cap-horn. Il aura sûrement emporté l'adhésion et la confiance de ses joueurs et créé la dynamique de groupe qu'il recherchait.
Mais le plus intéressant, plus que cette constance louable dans la gestion humaine, me semble-t-il, est le changement notable que la crise a entraîné chez le sélectionneur. Le pragmatisme a progressivement pénétré la pensée du staff, mais d'une façon homéopathique aux antipodes de la méthode Laporte. Le cas de Sébastien Chabal en est l'exemple le plus clair. D'abord écarté du groupe pour incompatibilité avec le projet de jeu ouvert du nouveau staff, la star médiatique a reconquis une place à la faveur de son comportement en tournée dans des conditions difficiles. Mais comme seconde ligne , car il était jugé incapable de s'intégrer au jeu de passes prône. Là encore, il a fait ses preuves en ne tombant plus de ballons en passant quand il le fallait comme sur l'essai d'Imanol Harinordoqui contre l'Irlande, mais en montrant quelques limites physiques au combat au près face aux grands deuxième-ligne internationaux comme Alun win Jones.
Et voilà que la nouvelle composition du groupe conserve Chabal en ... troisième ligne. Belle preuve de pragmatisme de Lièvremont.

Espérons donc que cette fleur bleue, la victoire contre les Gallois, puisse ouvrir une nouvelle période pleine d'autres jolis fleurs, mais sans le coté fleur bleue de la DTN.