Il m'aura donc fallu prés d'une semaine pour pouvoir écrire après cette finale de coupe du monde de rugby. Agen est en train de battre Montpellier à Armandie et je dois dire que cette journée de Top 14, la titularisation d'Heymans, ou l'atroce blessure de Domingo, m'ont aidé à franchir le cap. Depuis quelques jours, je pouvais en sourire, mais impossible de se mettre au clavier.
Pourtant, beaucoup de choses me viennent à l'esprit à propos de ces 6 semaines. Tellement que plutôt que vous assommer avec un article roboratif censé condenser la totalité de la compétition, je vais faire plusieurs bilans sous des angles différents qui méritent tous d'être développés.
La Nouvelle-Zélande est championne du monde, et c'est de bonne grâce que je me joins aux félicitations que ces joueurs et ce staff ont reçus pour leur rôle dans le rugby mondial, comme vitrine, acteurs brillants, et enfin hôtes dignes et chaleureux. Ceci est fait sans ironie et amertume mais le politiquement correct ne m'empêchera pas d'évoquer certains aspects dommageables notamment lors de la finale.
S'il m'a fallu quelques jours pour pouvoir évoquer par écrit ce tournoi, ce n'est pas uniquement à cause de la déception très forte que j'ai ressenti à l'issue de cette finale perdue par la France. Mais aussi parce que l'intensité des émotions fut au rendez-vous. Ce sport reste pour moi un sport exceptionnel.
Je veux d'abord insister sur la pertinence extrême de cette compétition dans le rugby professionnel. Comme joueur, j'ai connu le rugby amateur et assisté comme supporter et amateur, attentif et parfois inquiet à l'avènement du professionnalisme. La coupe du monde semblait suivre pour moi les pas de la compétition du même nom du football, et déjà on aurait pu craindre que ce rassemblement soit le symbole de la fin du sport que l'on aimait, celui du tournoi de 5 nations et des tournées dans l'hémisphère sud. Pourtant dès la première édition, en 1987 en Nouvelle-Zélande, ce fut une réussite. Pour la Nouvelle-Zélande avec une première victoire, pour la France avec une demi-finale d'anthologie face aux australiens, et pour ce sport en général qui a vu réunis différents niveaux, différents styles sans que ce jeu perde l'essentiel de ce qui aujourd'hui encore en fait un sport à part, un spectacle à part, une expérience humaine exceptionnelle.
La compétition mondiale aurait pu exacerber les mauvais cotés d'un "star-système" mais sans pour autant verser dans un tableau idyllique en oubliant que le rugby est ou sera touché par des problèmes de dopage, de moeurs ou autres, on peut constater aujourd'hui que l'essence de ce sport a perduré depuis la première édition. Elle a évolué vers un spectacle fédérateur, parfois grandiose, alliant une complexité inédite dans un sport de cette envergure à une popularité trans-générationnelle grandissante.
Ce sport étant construit sur des hommes (ou femmes) forts mais surtout liés dans le combat collectif, il a trouvé un écho retentissant dans une compétition de six semaines, aux contraintes physiques énormes, et aux difficultés psychologiques inhérentes à une vie de groupe si longue, si on ajoute la phase de préparation de 2 mois pour les français par exemple. C'est un périple, une odyssée au sens mythologique que vivent ces groupes humains, et que nous vivons par procuration. C'est par l'exceptionnelle dureté psychologique de ce parcours que cette compétition épouse les valeurs de ce sport.
L'équipe de France est un bon exemple. Tout supporter un tant soit peu impliqué a été soumis à un rude régime émotionnel cette fois. Une phase difficile pré-coupe du monde avec des déculottées mémorables (Australie, Argentine, Afrique du Sud) et un tournoi morose, a laissé place à une phase de préparation vendue comme exceptionnelle et de fait porteuses d'espoirs. Puis la frustration des premiers matchs a laissé place à la frayeur avec la défaite contre le Tonga, juste avant un quart attendu contre l'Angleterre. Le premier match éliminatoire a réveillé les espoirs avant de voir la demi-finale à nouveau doucher nos espoirs de jeu. Je laisse la Finale pour plus tard mais elle ne fut pas exempte d'émotions. Un véritable yoyo, donc nous a mis en tension croissante durant ces six semaines. Les conférences de presse,(j'y reviendrai aussi) devenaient des évènements en soi, les commentaires allaient bon train sur les dissensions dans le groupe, les cassures ou les clans, entre joueurs ou avec le staff.
Chaque interview de joueur montrait pourtant que rien de tel n'existait réellement, en dehors de l'échec du plan "A" annoncé. La frustration générait la spéculation etc...
J'ai vibré comme rarement cette fois, et j'aime encore plus ce sport, cette compétition et l'équipe de France. Mais c'est heureux que ce ne soit que tout les 4 ans, tant les émotions m'ont mobilisé pendant la durée du tournoi.
À SUIVRE...
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